28 janvier 2018 Christian Brenner

Nouvelle chronique de notre Tribute to Miles Davis par Jazz Hot, Jean-Pierre Alenda et Patrick Martineau

Paris en clubs
Décembre 2017

Le 2 décembre au Café Laurent, Christian Brenner (p) accueillait Damon Brown (cnt), en compagnie de Frédéric Delestré (dm) et de Bruno Schorp (b). «Ceora» de Lee Morgan permet d’entrée, avec son feeling latin, de se rendre compte que le phrasé impressionniste de Damon Brown se marie à merveille avec les standards revisités par ce qui constitue l’une des principales formations d’un pianiste cultivant la complicité et l’amitié au cœur même de son discours musical. «Straight No Chaser» est une piste de décollage pour les improvisations des solistes, avec une liberté de ton et des variations de tempo saisissantes. «On Green Dolphin Street», avec son climat intimiste, augure du climat de complicité esquissé par le groupe, tandis que «Have You Met Miss Jones» prend ses distances vis-à-vis de Chet Baker en développant ses chorus au cœur même de la mélodie, laissant les virevoltes autour du thème aux soins du seul Bruno Schorp, qui brille ici d’une polyvalence confinant à un brio certain. «I Could Write a Book», «If I Were a Bell» et «If You could See Me Now» confirment la veine chorale de la prestation, avec une prédominance de classiques du répertoire chanté choisis avec goût parmi les versions passées à la postérité en tant que fleurons du genre. Enhardi par l’excellente réception des premiers titres, Damon Brown se frotte à la griffe de Clifford Brown sur «Joy Spring», moment clé du set marqué d’une excellente performance de Frédéric Delestré, qui apprivoise les parties de batterie de Max Roach de manière exemplaire au vu de leur complexité (mention spéciale au jeu de cymbales sophistiqué développé pour l’occasion). «In Your Own Sweet Way» témoigne quant à lui de la capacité qu’a Christian Brenner de frayer avec d’autres instruments polyphoniques tels que la guitare, et qui pour mieux incarner cette correspondance délicate que la complicité miraculeuse qu’entretenaient Wes Montgomery et Tommy Flanagan. Le pianiste fait montre ici de toute sa science harmonique, faisant presque entendre le jeu en octaves manquant d’un complice joueur de cordes imaginaire. «Stella by Starlight» est aussi pleine de vie que la version d’Ella Fitzgerald, quoi que jouée avec un arrangement qui en fait un morceau instrumental à part entière, tandis qu’«All Blues» confirme le legs immense de la galaxie Miles Davis aux quatre musiciens, présent de multiples manières dans les atmosphères créées au sein de l’ancien siège du club Le Tabou. JPA